marine ou sous le même rocher ? Comptez, nous vous prions, combien il y a d’espèces ou de variétés qui pondent, successivement ou simultanément, du mois d’avril au mois d’août, combien du mois de novembre au mois de février, et faites-vous, ensuite, une idée des entraves qu’il y aurait à apporter à la liberté de la pêche, afin de parvenir à assurer, non la reproduction de toutes les espèces, mais de quelques-unes seulement.
On y arriverait, croit-on, en interdisant l’accès du marché aux espèces dont la capture ne serait pas permise. C’est une plaisanterie. Quelle savante surveillance ne faudrait-il pas déployer aux halles, pendant neuf mois de l’année, si l’on voulait réellement réprimer les contraventions à la défense ? Et quel embarras et quelle sujétion pour les pêcheurs, dans l’exécution d’une règle qui les obligerait, après chaque coup de filet, à faire le triage et le rejet à la mer, du poisson dont la vente serait prohibée ! Il est facile d’apercevoir d’un seul coup d’œil toutes les difficultés et toutes les vexations qui surgiraient de cette mesure de détail d’ailleurs sans objet, assurément, puisque le poisson rejeté à l’eau n’y retournerait pas en vie et que l’interdiction du marché à telle ou telle espèce ne préserverait pas sa progéniture de la destruction.
Voilà ce dont nous sommes bien pénétré et voilà pourquoi nous recommandons, non une mesure de détail, mais une mesure générale — la prohibition de la pêche à la traîne — dans le but de rendre à nos eaux littorales leur primitive fertilité, ces richesses de la mer destinées à suppléer à l’insuffisance des biens de la terre.
On a beau le redouter et l’éloigner, l’acte d’où doit sortir la restauration de l’aliment de l’industrie des pêches, cet acte est désormais si nécessaire qu’il en devient inévitable. Si ce n’est aujourd’hui, ce sera demain qu’une intelligence hardie, ayant la