Page:Riotor - Le Mannequin, 1900.djvu/68

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Elle ne fit qu’en rire, persuadée de son triomphe final. Opposer une machine à sa danse, à sa grâce, à sa souplesse ! Allons donc !

— Dio, cara madre, est-ce possible ! dit-elle en ricanant à sa mère, en son jargon des bas faubourgs de Rome, ditornare le grand seigneur qui applaudit Lili, lui si vecchio, si gobbo, patito devant moi ? Questo mécanico, Vaucansone, il a donc le pouvoir de l’enfer !

Et la mère, la cara madre,. de rire encore plus fort, tant elle était sûre qu’elle et sa fille retiendraient le vieux duc en leurs filets.

Bientôt elles surent à n’en pas douter que le mécanicien avait de fréquents entretiens avec leur directeur. Celui-ci fit appeler à différentes reprises le maître de ballet, puis la ballerine travestie Nélida, qui sous un costume masculin aidait la danseuse-étoile dans ses virevoltes et la soutenait dans ses cambrures de reins, alors que sa nuque touchait presque le plancher.

Cette Nélida était la rivale et l’ennemie de Lili dont elle jalousait les succès ; Vaucanson put donc la compter pour un précieux auxiliaire. Quant au maître de ballet, c’était un homme dévoué et muet comme une carpe. — Une énorme caisse fut apportée avec d’infinies précautions dans une salle, dont les portes dès lors restèrent closes, mais, chaque jour, le maître et Nélida vinrent s’y enfermer en compagnie