Page:Riotor - Le Mannequin, 1900.djvu/74

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— Tais-toi, tais-toi !… M’entends-tu, répéta plus fort le directeur en lui serrant le bras à la faire crier, je t’ordonne de retourner dans ta loge… et de ne plus prononcer un mot !

Une scène d’un genre différent se passait au même instant dans le foyer des artistes. Le duc de Bouillon qui y possédait ses grandes entrées, accourait féliciter sa « carissima Lili » la plus douce, la plus belle, la plus exquise, la reine de la danse ! Son admiration se manifestait chaque fois par quelque don précieux. C’était, ce soir, outre le bouquet, deux boucles de diamants qui valaient bien plusieurs milliers d’écus.

— Où est Lili ! Lili ! disait-il en agitant l’écrin ouvert où scintillaient les joyaux.

— Désirez-vous les lui attacher vous-même, monseigneur ?

— Tiens, c’est vous, monsieur Vaucanson… Eh bien, vous l’avez vu danser ?… Qu’en pensez-vous ?

— Elle est tout simplement adorable, répartit le mécanicien avec un sourire énigmatique.

Puis, par force autant que par persuasion, l’entraînant par le bras, Vaucanson conduisit son interlocuteur dans un salon séparé dont il referma soigneusement la porte. Quand ils-en ressortirent, une demi-heure plus tard, la contenance du duc était sensiblement modifiée. Il paraissait confus et un peu vexé, quoique son regard manifestât une sorte de naïve