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chez nous

un vrai terre-neuvien. Or, c’est ici, où nous sommes, qu’il abattit son premier arbre : la terre à l’ancêtre Nicolas, c’est la mienne ! La glaise qui botte à mes talons s’est attachée aussi à ses sabots. Après lui, son fils aîné, Julien, et son petit-fils, Jean-Baptiste, son arrière-petit-fils, François, et le fils de François, Benjamin, mon père, tous, l’un après l’autre, ont vécu de la terre qui me fait vivre ; c’est ici que, tous, ils sont nés, qu’ils ont travaillé, qu’ils sont morts. Souvent, cette idée me vient, et je me dis : « Jean, c’est pour toi qu’ils ont peiné, pour toi et pour ceux de ta race qui viendront après toi. » Vois-tu, mon fieu, au bout de la grange, ce quartier de roc ? Autrefois, ce caillou-là devait être plus au sud, juste où se trouve le chemin qui monte aux champs ; eh ! bien, ils l’ont roulé là où tu le vois, pour que j’aie de l’arce à passer au nord du ruisseau. Ç’a dû