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Page:Rivard - Manuel de la parole, traité de prononciation, 1901.djvu/202

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MANUEL DE LA PAROLE

Qu’il n’est griffe ni dent, en la bête irritée,
Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir.
Le malheureux Lion se déchire lui-même,
Fait résonner sa queue à l’entour de ses flancs.
Bat l’air, qui n’en peut mais, et sa fureur extrême
Le fatigue, l’abat : le voilà sur les dents.

L’insecte du combat se retire avec gloire :
Comme il sonna la charge, il sonne la victoire,
Va partout l’annoncer, et rencontre en chemin
Tantôt L’embuscade d’une araignée ;
Tantôt Il y rencontre aussi sa fin.

Quelle chose par là nous peut être enseignée ?
J’en vois deux, dont l’une est qu’entre nos ennemis
Les plus à craindre sont souvent les plus petits ;
L’autre, qu’aux grands périls tel a pu se soustraire.
Tantôt Qui périt pour la moindre affaire.

La Fontaine.


LE JONGLEUR


C’est un métier mauvais que d’être saltimbanque ;
Rares y sont les soirs dorés et triomphants !
On a peur des jours noirs et des jours étouffants ;
En automne, au printemps, dès qu’il pleut, le pain manque,
Et c’est dur, pour la femme et les petits enfants.

Comme il faut bien manger, tout de même on travaille,
Sous la neige et l’averse, au soleil, dans le vent.
Puis on se sent malade : on l’est. On meurt, souvent ;
Ou, si l’on sort de là, guéri vaille que vaille,
On est un peu moins fort et plus pauvre qu’avant.

Donc il advint jadis, — l’histoire est d’un autre âge, —
Il advint qu’un jongleur subit le sort fatal ;
Main leste, corps dispos et bon cœur à l’ouvrage,
Il avait tout : à bout de voix et de courage,
La fièvre le jeta sur un lit d’hôpital.