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et dans le temps et pour le pays dont nous parlons, messieurs, le sang c’était le patriotisme, les membres c’étaient les diverses classes du peuple, la tête c’était le Roi, le cœur c’était l’Église.

C’est ainsi que le comprenait Mgr  de Laval. C’est à cette patrie qu’il dit adieu, c’est elle qu’il aima toujours, pour elle qu’il souffrit le martyre de la séparation.

Mais comme tous les grands cœurs, l’évêque de Pétrée eut le privilège d’emporter en lui quelque chose de son pays. Et arrivé sur cette terre qui n’était pas encore une patrie, il y déposa ce noyau sacré qui, sous sa surveillance et grâce à ses soins, a vécu, s’est développé, a grandi, est devenu une nation, et, avec les traditions saintes de sa mère, a gardé une reconnaissance immortelle au père de la Nouvelle-France.

Messieurs, si nous comptons pour un peuple sur la surface du globe, si des germes fertiles, implantés dans le sol des Peaux-Rouges, ont donné naissance à ce grand arbre qui étend ses rameaux dans toutes les parties de la Confédération, nous le devons à Mgr  de Laval ; à Mgr  de Laval, et aussi à la fécondité de cette patrie qu’il nous a léguée… C’était le cerveau de l’humanité, le fleuve où voguait la pensée humaine, le bouclier de la monarchie, la cuirasse de la chrétienté, le bras de Rome ; c’était Charlemagne et