Page:Rivarol - De l'universalité de la langue française.djvu/36

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politesse & la grace ; & non-seulement elle a la grace & la politesse, mais c’est elle qui en fournit les modèles dans les mœurs, dans les manieres & dans les parures. Sa mobilité ne donne pas à l’Europe le tems de se lasser d’elle. C’est pour toujours plaire, que le Français change toujours ; c’est pour ne pas trop se déplaire à lui-même que l’Anglais est contraint de changer. On nous reproche l’imprudence & la fatuité ; mais nous en avons tiré plus de parti, que nos ennemis de leur flegme & de leur fierté : la politesse ramene ceux qu’a choqués la vanité ; il n’est point d’accommodement avec l’orgueil. On peut d’ailleurs en appeler au Français de quarante ans, & l’Anglais ne gagne rien aux délais. Il est bien des momens où le Français pourroit payer de sa personne ; mais il faudra toujours que l’Anglais paye de son argent ou du crédit de sa Nation. Enfin, s’il est possible que le Français n’ait acquis tant de graces & de goût qu’aux dépens de ses mœurs, il est encore très-possible que l’Anglais ait perdu les siennes, sans acquérir ni le goût ni les graces.

Quand on compare un Peuple du midi à un Peuple du nord, on n’a que des extrêmes à