Page:Rivaudeau - La doctrine d’Epictète stoïcien.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 20 —

pourquoi n’y en aurait-il pas d’autres ? Et voilà comment Politien défend Épictète en acceptant sans hésiter et dans toute sa rigueur la doctrine, ou plutôt la discipline de ce maître incomparable, de cet ascète qui sut prêcher le renoncement, la résignation, la piété et le vrai bonheur en termes si simples et si clairs.

LA TRADUCTION DU « MANUEL » PAR POLITIEN.

Mais revenons au texte du Manuel. Quel put être celui dont se servit Politien ? Lui-même nous répondra dans la lettre qu’il écrivit à Laurent de Médicis, lettre qui fut presque toujours dans la suite publiée avec la traduction.

Il avait, dit-il, entre les mains deux exemplaires entièrement incorrects et en plusieurs endroits incomplets. Lorsqu’il eut entendu qu’il en existait encore d’autres du même genre, il prit la liberté de compléter et de corriger son texte à l’aide du Commentaire de Simplicius[1].

Il y a, en effet, des ressemblances assez probantes entre la traduction de Politien et celle du Commentaire. Au chapitre XXIX des éditions modernes, nous lisons ce texte (parag. 4) : « Aussi certaines gens, parce qu’ils ont vu un philosophe, ou parce qu’ils en ont entendu un qui parlait comme parle Euphrate… veulent philosopher, eux aussi… »

Politien avait traduit (cap. XXXIV) « Sic nonnulli cum philosophum intuentur, aut cum a quopiam audiunt, bene Socrates dicit…, volunt et ipsi statim philosophari. » Or, il se trouve que dans le Commentaire le nom de Socrate figure également à la place d’Euphrate.

  1. Cf. Lettre à Laurent de Médicis (édition citée) « Hoc ego opus cum latinum facere aggrederer ut indulti a te nobis tam suavis ocii rationem aliquam redderem ; in duo omnino mendosissima exemplaria incidi, pluribusque locis magna ex parte mutilata. Quapropter quum et cætera quæcunque usquam exemplaria exstarent, non dissimula his esse audirem permisi mihi, ut, sicubi aliqua capita, aut deessent aut dimidiata superforent, ea ego de Simplicii verbis, qui id opus interpretatus est, maxima (quantum in me esset) fide supplerem. Quod si non verba ad unguem (id nullo modo fieri poterat), at sensum certe ipsum purum sincerumque latinum a nobis redditum arbitror. »