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de Lavaur, ambassadeur de France à Venise, ce médecin philosophe nous montre qu’il comprend Épictète de la même manière que le délicat humaniste Politien : même préoccupation de part et d’autre. Ce qui décide l’auteur à entreprendre ce travail fort important par ailleurs, c’est moins le goût d’un lettré qui veut établir un texte, que le désir de répandre dans le public un ouvrage d’une utilité morale incontestable.

Frappé de l’étrange contraste entre la grandeur et la faiblesse de l’homme, de la facilité avec laquelle il s’élève très haut ou retombe très bas, enfin de cet éternel combat que se livrent en nous les sens et l’esprit, et où les biens du corps, ceux de la fortune, les mauvaises habitudes, les conversations malsaines, les livres dissolus amènent infailliblement la défaite de l’esprit, Trincavelli ne voit contre ce mal qu’un seul remède le bon exemple des hommes et des livres. Dès longtemps, ayant constaté à son époque une grande pénurie de bons exemples et de bons livres (1), il avait rêvé de mettre au jour quelque bon auteur, lorsqu’il lui en tomberait un entre les mains (2). L’occasion se présente admirable avec ces doctes et substantiels Entretiens qu’il vient de découvrir dans la bibliothèque de Georges de Selve. Aussi n’aura-t-il ni cesse ni repos qu’il n’ait l’ouvrage en sa possession pour le vulgariser, à la grande utilité des gens d’étude.

Il avait été, en effet, frappé de la beauté, de l’élégance de cet opuscule ; hormis les livres sacrés, il ne connaît rien de si haute valeur (3). Voilà les raisons qui ont poussé Trincavelli

(1) Cf. préf. cit. « His vero auxiliis si prioribus unquam sœculis indiguerunt homines, his ipsis temporibus maxime videntur egere, quibus adeo humanx vitas ratio contorta et depravata est, ut apud plerosque, virtus ipsa tanquam vanum et inane nomen habeatur. »

(2) ibid. « ... si quæ mihi offerentur optimorum authorum, monumenta, quæ diutius in tenebris latuissent. statim curare, ut in lucem prodirent, et a mendis quam maxime fieri posset expurgata, et pulcherrimis formulis excussa ut hac etiam ratione homines ad sui lectionem allicere possint. »

(3) ibid. « Cum igitur, vir clarissime, superioribus forte diebus ad manus meas pervenisset libellus quidam ex doctissima et copiosissima tua bibliotheca depromptus, ejus pulchritudine ac elegantia allectus, non potui me ab illius lectione continere,