même temps que lettré, pasteur protestant. Ce fait a son importance, car il explique la note toute religieuse des Commentaires l’auteur avait ainsi à sa disposition non seulement les textes profanes de l’antiquité, si chers aux humanistes de son temps, mais les textes complets des Livres saints, de l’Ancien et du Nouveau Testament.
Né en Bavière en 1511, il rythma de bonne heure des vers latins, mais se signala par ailleurs par son esprit d’hostilité contre les catholiques. Dans un poème qu’il dédia à Philippe, landgrave de Hesse, et qu’il intitula Bellum papistinum, il fit une satire violente des abus des catholiques romains. D’autre part, bon humaniste, il entendait assez bien le grec et c’est ce qui explique que la version qu’il fit du Manuel mérite d’attirer l’attention des lettrés.
Si nous comparons, en effet, la traduction de Naogeorgius à celle de Politien, nous reconnaîtrons qu’elle est faite sur un texte plus correct, puisque l’auteur réussit à éviter les erreurs des derniers chapitres, mais nous y trouverons peut-être moins de vivacité, moins d’exactitude; le traducteur suit le grec de moins près, il a aussi le. précepte moins incisif, l’impératif moins catégorique. Quand au chapitre VI Politien écrit « Si ollam diligis, dic ollam diligo », Naogeorgius traduit (chap. IV) la même phrase par une proposition indirecte, ce qui, certes, ralentit le mouvement « Quod ollam diligas. » D’autres fois, le traducteur emprunte aux Latins, à Cicéron par exemple, ses termes philosophiques. Il traduit par visum le mot (pavxairîa des Grecs, que Politien avait rendu par imaginatiô par decreta le mot grec Sov|xara que Politien traduit par opiniones. Mais il sait, d’autre part, reconnaître les mots pittoresques trouvés par Politien et les garde. Au chapitre XVIII, il écrit aussi « Quando corvus adversum crocitaverit. » Politien avait écrit « crocitabit », « ne te «pavram’a, id est visio corripiat », très proche de la traduction de Politien : « Ne te imaginatio corripiat. » Parfois pourtant on sent plus de recherche dans le choix des mots chez Naogeorgius. Tandis que Politien traduit au chapitre XXIX « Haec te cogitationes ne crucient », Naogeorgius fait ce change-