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doxes stoïciens d’aimer ses ennemis, de faire du bien à ceux qui nous haïssent, de prier pour ceux qui nous persécutent, de ne jamais nous préoccuper ni de ce que nous mangerons, ni de ce que nous boirons, ni du toit sous lequel nous reposerons notre tête. Par de tels préceptes, n’a-t-il point appelé les hommes au delà de la médiocrité et même de l’apathie ?

Voilà pourquoi l’apôtre Paul peut nous ordonner de nous réjouir dans les maladies, dans les tourments, les injustices, les afflictions, les angoisses. Or, quel autre pourrait se réjouir dans de telles circonstances, sinon un chrétien (1)? La thèse de Naogeorgius est donc posée, le christianisme complète et couronne le stoïcisme; l’idéal que le stoïcisme avait conçu, mais sans compter avec la faiblesse humaine, le christianisme le réalise. Le Commentaire va donc s’efforcer de montrer dans quelle mesure les préceptes d’Épictète concordent avec ceux de Jésus.

Cette préface nous suffit pour nous mettre sur la voie de ce que seront les Commentaires. La question de texte n’a, pour Naogeorgius, aucune importance. Il ne parle même point des manuscrits dont il s’est servi. Il est à présumer qu’il eut entre les mains ceux qui étaient alors les plus connus, ou peut-être tout simplement l’édition de Bâle de 1531, ou celle de Venise de 1535.

Heyne eut donc raison d’écrire, en parlant des notes de Naogeorgius « Nihil enim prœter excursus ethicos continent. »

Mais peu importe cette remarque, ce qui nous intéresse dans cette période de. résurrection du stoïcisme, c’est précisément la tendance qui se fait de plus en plus accentuée d’utiliser cette doctrine comme moyen d’apologie du christianisme et de faire du Manuel un commentaire religieux.

(1) Op. cit. : « Ita et D. Paulus nos semper gaudere jubet, et nihil esse solicitos. Quomodo autem in morbis, tormentis, injuriis, damnis, afflictionibus et angustiis quispiam gaudere potest, nisi eam indolentiam sectetur ?. Quid quod Christus nos exultare jubet, si nobis male dicatur, si excludamur ab hominum consortio, si nostrum nomen sit odiosum et immerito est falso. Nemo horum quicquam facturus est, nisi subducta per fidem ratione. »