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Au chapitre XVIII (1), lorsqu’il a parlé des présages, les expliquant par les coutumes anciennes et les blâmant comme des superstitions, il s’étonne qu’il en soit resté quelque chose chez des chrétiens. Il visait là, certes, quelques cérémonies du culte catholique...

Puis au chapitre XXIII (2), il constate que le chrétien comme le philosophe stoïcien, doit s’attendre à être raillé, tourné en ridicule ; au chapitre LIX (3), qu’il doit non point se contenter seulement de science, mais réaliser des actes vertueux, car il ne suffit, pas d’interpréter Chrysippe pour être stoïcien ; et il lance ce mot ironique « Il y a cependant des théologiens qui enseignent et connaissent bien les Livres saints, mais qui ne croient point; ils sont corrompus dans leur vie et leurs mœurs. »

Naogeorgius indiquait ainsi de manière caractéristique ce que pouvait devenir l’interprétation du Manuel faite par un protestant sectaire. Rivaudeau, quelques années plus tard, suivra la même voie dans ses Observations. Le rationaliste protestant qu’il fut cherchera encore dans le Manuel les mêmes arguments- chrétiens, usera des mêmes remarques, des mêmes rapprochements que le pasteur protestant il sera plus sobre dans ses citations, car l’artiste, chez lui, y mettra la mesure, mais le fond ne sera point changé. Avant d’examiner cette traduction française, il nous reste encore une étape à franchir. Une nouvelle traduction latine est donnée peu de temps après celle de Naogeorgius. Elle n’eut, pas plus que cette dernière, d’influence directe

(1) Op. cit. « Quare, mirum est apud Christianos, multa superesse adhuc in eisque callidi, a magnatibus regibusque coli eximie. Tanta vero est divini interdicti cura, tantumque religionis ac pietatis studium scilicet » (p. 141).).

(2) Ibid. « Quare et Jesus Christus suis predixit quod odio essent habendi, cum propter se, tum propter diversam a mundo doctrinam, cultum novum, studium atque vitam incorruptam » (p. 163). « Insanus, impostor, transgressor legis, dæmoniacus, comedo vinosus, malus, seductor, seditiosus denique, ipse Christus appellatus est. Nihil ergo novi, si cui idem contingat » (p. 165).

(3) Au passage du Manuel : « Cum quis ideo, quod Chrysippi libros intelligere ac exponere sciat, gravitatem prœ se fert, die ipse tecum » (p. 440), il oppose une citation de saint Jean « Non diligamus vefbo neque lingua, sed opere ac veritate. » Sunt tamen theologi, qui tametsi recte doceant, norintque sacros enarrare libros, ipsi tamen non creduntetvita moribusque sunt corruptissimi. » Ep. Gal., 5 (p. 443).