Page:Rivaudeau - La doctrine d’Epictète stoïcien.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 53 —


sur le traducteur français qui va nous occuper tout particulièrement mais faite par un protestant, accompagnée de Commentaires, elle témoigne des mêmes préoccupations et nous permettra de situer plus nettement encore la traduction de Rivaudeau dans le courant d’idées qui ne put manquer de réagir sur elle, tout au moins indirectement.


CHAPITRE V.
LA TRADUCTION LATINE DE WOLF.

Né dans la principauté d’Œttingen, en Souabe, en 1516, Hieronymus Wolfius, érudit allemand et protestant, était de famille noble et ancienne. De très bonne heure, il témoigna d’heureuses dispositions pour les langues anciennes et faisait prévoir le savant humaniste qu’il devint en effet. Son intention avait été de publier bien avant Scheggius et Naogeorgius une traduction complète d’Épictète, traduction qui aurait compris non seulement les Entretiens et le Manuel, mais encore les ouvrages apocryphes, c’est-à-dire l’Altercation entre l’Empereur Adrian et Epictète, et ce qui nous étonne encore plus, des Lettres d’Épictète, qu’il espérait trouver dans la bibliothèque florentine. Il n’eut point le temps de mettre son projet à exécution et fut devancé, comme nous l’avons vu, par les deux autres érudits. Une vie très mouvementée en fut cause, autant peut-être que l’humeur capricieuse et difficile de l’humaniste. Il changea si souvent d’emploi qu’il lui fut presque impossible de donner à cet important travail le temps et la suite d’efforts qui eussent été nécessaires pour le mener à bien. Il fut d’abord au service du chancelier, comte d’Œttingen, mais n’y resta point longtemps. A la mort de son père, libre de suivre ses goûts, il fut attiré à Wittemberg par la réputation de Mélanchthon, puis suivit les leçons de Luther, d’Amerbach, fut chargé de diriger une école protestante, d’abord à Mulhausen, puis à Nuremberg. Il s’en lassa. Recueilli par des amis à Tubingue, puis à Strasbourg, il fut libre de consacrer tout son temps à des ouvrages grecs et latins, qui lui valurent quelque réputation. Il ne se