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Page:Rivaudeau - La doctrine d’Epictète stoïcien.djvu/77

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restituer un texte dont il n’avait point les éléments exacts, ait laissé parfois libre carrière à son interprétation personnelle. C’est ainsi qu’il établit au chapitre 20 comme une seconde partie du Manuel ; Rivaudeau lui en fait un sérieux grief : « Le traducteur, dit-il, fait une seconde partie du livre sans grande raison. » Quant aux titres de chapitres, il n’est point étonnant que Rivaudeau les ait trouvés trop amples chez Politien ; il les réduit à de sèches formules à forme impérative. C’est, pour en citer quelques exemples : au chapitre V : Les Opinions de l’homme genereus doivent estre saines ; au chapitre VII : Il faut penser que ceste vie n’est qu’un passage ; au chapitre XI : Il ne faut desirer gloire, ni bruit parmi les hommes ; au chapitre XXVIII : Qu’il faut se maintenir vers un chacun selon sa qualité ; au chapitre XLI : Comme il se faut maintenir avec les grands. Il n’y a certes point de variété dans cette forme de préceptes, c’est presque l’énoncé bref et sec d’un catéchisme, ajoutons d’un catéchisme de réformé. Rivaudeau garde quelque peu la raideur de celui qui non seulement prêche une doctrine, mais veut la défendre contre des adversaires qui la comprennent mal. Ces adversaires sont les catholiques[1], comme les adversaires des vrais philosophes étaient les hypocrites. Épictète lui permet donc de servir sa cause, et c’est pourquoi il en souligne certains points avec tant de vigueur, alors que Politien n’y avait nullement songé. Politien est vraiment philosophe, plus préoccupé de métaphysique que de morale ; une divergence de vues devait fatalement s’établir entre les deux traducteurs. L’attention de Rivaudeau se porte sur le précepte lui-même, et s’il en reproche au traducteur l’interprétation, c’est souvent au nom de la morale. Au chapitre 37, par exemple, il est question de la chasteté avant le mariage. Rivaudeau reproche très nettement à Politien d’avoir, par la façon dont il a traduit, laissé flotter un doute sur ce précepte rigoureux de la morale d’ Épictète. Politien avait, en effet, écrit « Quod si cogimur, quæ tamen sunt legitima assumenda », ce que Rivaudeau exprimera plus claire-

  1. Cf. Observations, chap. 20.