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la valeur de la traduction. Ce qu’il importait avant tout de dégager, c’était le progrès réel que Rivaudeau avait fait accomplir à la traduction française, et pour cela il fallait qu’il y eût en lui un helléniste de valeur ; cet helléniste, il le fut malgré quelques erreurs. L’érudit nous intéresse moins ; il ne joue d’ailleurs qu’un rôle secondaire ; il s’essaie bien de temps en temps à quelques remarques, soit de science, soit d’histoire, mais il n’insiste guère. Il disserte au chapitre 7 sur ces coquilles de .mer que l’homme peut ramasser sur le rivage, mais qu’il doit abandonner, avec sa femme et ses enfants, au moindre appel du maître ; sur les oignons sauvages ; au chapitre 26, sur ces zn^âx^/ qu’il écrit ̃jrepjjia-wv et qu’il traduit par ouvrage de four ; sur le haphe, qu’il traduit comme Ovide par poussière. C’est que Rivaudeau connaît lui aussi ses auteurs anciens ; il ne serait pas de son temps, ni du groupe des néo-stoïciens, s’il les avait complètement négligés. Pourtant, il n’en fait point abus. Il craint de lasser ses lecteurs par ces formes un peu rébarbatives de l’érudition, et il est curieux de voir comme il se reprend brusquement lorsqu’il se laisse aller, comme il pourrait le dire en son pittoresque langage, « à faire l’érudit ». Au chapitre 27, il vient d’expliquer ce qu’était le pentathle, « celuy qui est vainqueur en cinq sortes de combats », et il ajoute « Si quelcun veut savoir ces cinq jeus, il faut aprendre d’un épigramme de Simonide, dont nous laisrons le grec, car tout le monde en a la teste rompue. » Pour Rivaudeau, il n’y a donc pas à craindre la fausse érudition, qu’elle soit celle des anciens ou des scolastiques ; cette dernière surtout, il la repousse avec horreur. Au chapitre 52, il vient de se laisser prendre à une discussion quelque peu subtile ; il se ressaisit aussitôt brusquement par ces mots « Mais qu’avons-nous affaire icy de ceste dialectique ? », c’est bon pour ceux auxquels « il est toujours avis qu’ils sont à la chapelle de Boncourt ».

Tout en restant dans le sillage des néo-stoïciens qui ont la mémoire toute pleine de citations d’auteurs sacrés et profanes, Rivaudeau sut garder une certaine originalité en observant la mesure. Les rapprochements qu’il fait entre les Écritures et le