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se ruer en propos vilains et deshonnestes, et si cela arrivoit quelquefois, il faut que tu tances asprement celuy qui s’est si fort avancé. » (chapitre XLIII).

Et à côté, quelle variété dans les expressions, alors qu’Épictète prodiguait les redites ! Ce mot o/aV1aO"(¡¡¡t, il le traduit tantôt par passions « les passions ne t’emporteront pas » (chapitre IX), tantôt par imaginations : « il faut s’efforcer de n’estre empoigné par les imaginations » (chapitre XVIII), tantôt par fantazies (chapitre XIV).

Rivaudeau sait aussi, quand il le faut, revêtir cette rudesse de forme qui convient à merveille à une morale austère « Va a donques chez le devin, dit-il, vide d’affection désireuse et de crainte » ; si le présage_est mauvais « il est tout clair que la mort t’est signifiée, ou l’estropiement d’une cuysse., ou l’exil » (chapitre xxx). « Mets toy journellement devant les yeux la mort, le bannissement et toutes les choses qui semblent espouvantables et surtout la mort. (chapitre XIX). Il ne pouvait traduire plus strictement ce conseil d’Épictète et avec plus de vigueur. Parfois, c’est la concision de la forme qui lui sert à donner plus de force à la pensée « Te souvienne que tu es joueur d’une farce telle qu’il plaist au maistre, courte s’il veut, et longue s’il veut qu’elle soit telle » (chapitre xv). « Si tu veus que ta femme et tes enfans vivent à jamais, tu es fol. De mesme si tu veus que ton fils ne peche jamais, tu es un fad. Celuy-là est seigneur de chasque chose qui a la puissance d’oster ou donner ce qu’il lui plaist&hellip ; » (chapitre XII).

D’autres fois, au contraire, il lui semble plus important d’insister sur un mot ; ‘il essaie alors de le mettre en lumière, en le renforçant d’un synonyme. ‘E~tir6atDè il le traduit par « ennui » .et « incommodité » (chapitre VIII) ; 36,~a~tt-i par « force » et « vertu » ; imÀo"(tO"¡J.6oç : par « importunes considérations ». C’est ainsi qu’il semble ajouter au texte ; mais en examinant de près sa traduction, il. est facile de constater qu’il ne fait que mieux dégager l’idée sans fausser le sens. D’ailleurs, il suit admirablement le mouvement de la phrase d’Épictète quand il le faut. Il suffit de relire sa traduction du chapitre X pour en