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vraiment adopté résolument le contre-sens, quand il traduit par « s’aller promener et se faire trainer en coche » ce que Politien avait traduit en latin par « cacare et coire » et que Rivaudeau n’avait point hésité traduire strictement (1). Du Vair a dû reculer devant la grossièreté de ces deux mots. Quelle autre raison aurait-il pu avoir, puisque Rivaudeau et Politien s’étaient cette fois trouvés d’accord. Par contre, il a évité plus d’un contre-sens laissé par son devancier. Au chapitre XXVII, Rivaudeau avait écrit « Cela, te di je, considere bien, et si tu veus perdre pour cela le repos et tranquilité de ton esprit, et ta liberté ? » ; ce que Du Vair interprète, et à bon droit, de façon tout à fait contraire et conformément au texte actuel « Regàrdez si vous voulez vous assubjettir à tout cela, pour acquérir en contre-eschange une constance, liberté et tranquillité d’esprit » (chapitre 32). Au chapitre 60, il traduit fort exactement aussi ce passage qu’avait mal compris Rivaudeau « Car Socrates a voulu en toutes choses oster l’ostentation. Il y en avoit qui alloient vers luy pour le prier de les mener chez les philosophes, et il les y menoit, tant il se soucioit peu que l’on ne fist cas de luy » (2) ; de même, au chapitre 64 « Je demande qui me l’apprendra ? Ayant entendu que c’est Chrysippus, je vay .à luy. » Rivaudeau n’avait point évité le contre-sens (3). Ce passage avait été déjà contesté par Politien lui-même, mais il faut rendre justice à Du Vair, il a réussi à l’éclaircir beaucoup mieux que Rivaudeau.

Un progrès s’est donc accompli au sujet du texte même. Du Vair a su d’ailleurs profiter des corrections de Rivaudeau et peut-être de celles de Wolf qu’avait négligées Rivaudeau. Il va jusqu’à tenir compte de ces diminutifs que Rivaudeau


(1) Cf. Rivaudeau, Observations, chap. 51, et Du Vair, Manuel, chap. 55.

(2) Ibid., Manuel, chap. LVI.

(3) Ibid., Manuel, chap. LX.

    la fois la traduction de Rivaudeau et celle de Politien et introduit un mot en trop. Choisissant « est mort qui répond bien à « obierit de Politien et au bon texte, il aurait dû laisser l’autre.

    Cf. chap. 66, 67, 68.