Page:Rivière - Recueil de contes populaires de la Kabylie du Djurdjura, 1882.djvu/26

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ainsi dans mon ventre ? » dit l’animal. — « Vois ce que tu as mangé, reprit Ali, tu ne l’as pas bien mâché. » — « Passe par ma gueule. » — Ta bave me salirait. » — « Passe par mon nez. » — « Ta morve me salirait. » — « Et par mes yeux ? » — « Voilà une belle proposition, leur chassie me salirait. » — « Et par mes oreilles ? » — « Leur cérumen me salirait. » — « Comment me débarrasser de toi ? » — « Voici comment. A quelques pas d’ici, tu trouveras des enfants occupés à se raser ; moi, je leur crierai : « Fuyez, voici un lion. » Ils abandonneront leurs rasoirs, tu en avaleras un, je te percerai un peu et je sortirai. « Le lion avança du côté indiqué. Ali s’écria : « Voici un lion, enfants, fuyez. » Les enfants prirent la fuite en laissant leurs rasoirs. Le lion en avala un. Ali g icher lui perça le ventre. « Assez, assez, dit l’animal, tu peux sortir maintenant. » Ali lui fendit le ventre entièrement et le lion tomba mort. Le premier passant se dit : « Que Dieu fasse miséricorde à celui qui l’a tué. » — « C’est ton frère aîné qui l’a tué, » répondit Ali. « Où es-tu donc ? » — « Me voici. »