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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/48

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langages contraires. Cette nuit, je l’ai entendue me dire de répondre hardiment.

Jean Beaupère. — La voix vous a-t-elle ordonné de ne pas dire tout ce qui vous serait demandé ?

Jeanne. — Je ne vous répondrai pas là-dessus. Et j’ai révélations touchant le Roi que je ne vous dirai point.

Jean Beaupère. — La voix vous a-t-elle défendu de dire révélations ?

Jeanne. — De cela, je n’ai pas été conseillée. Donnez-moi délai de quinze jours, et je vous répondrai sur cela. Si la voix me l’a défendu, que voulez-vous y redire ?

Jean Beaupère. — Cela vous a-t-il été défendu par la voix ?

Jeanne. — Croyez que ce ne sont pas les hommes qui me l’ont défendu. Aujourd’hui je ne répondrai pas, et je ne sais si je dois répondre ou non jusqu’à ce que cela m’ait été révélé.

Jean Beaupère. — La voix vient-elle de Dieu ?

Jeanne. — Je crois fermement, aussi fermement que je crois en la foi chrétienne et que Dieu nous racheta des peines d’enfer, que cette voix vient de Dieu et par son ordre.

Jean Beaupère. — Cette voix, que vous dites vous apparaître, est-elle un ange, ou vient-elle de Dieu immédiatement ? ou est-ce la voix d’un saint ou d’une sainte ?

Jeanne. — Cette voix vient de par de Dieu. Et je crois que je ne vous dis pas pleinement ce que je sais. J’ai une plus grande peur de faillir, en disant chose qui déplaise à ces voix, que je n’en ai de vous répondre. Et quant à cette question, je vous prie de me donner un délai.

L’Évêque. — Croyez-vous qu’il déplaise à Dieu qu’on dise vérité ?

Jeanne. — Les voix m’ont dit de dire certaines choses au Roi et non à vous. Cette nuit même, la voix m’a dit moult de choses pour le bien de mon Roi, que je voudrais qu’il sût dès maintenant, dussé-je ne pas boire de vin jusqu’à Pâques. Car il en serait plus aise à dîner.