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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/49

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Jean Beaupère. — Ne pouvez-vous tant faire auprès de cette voix qu’elle veuille obéir et porter cette nouvelle à votre Roi ?

Jeanne. — Je ne sais si la voix voudrait obéir, fors si c’était la volonté de Dieu et si Dieu y consentait. Mais s’il plaisait à Dieu, il pourrait bien faire révéler à mon Roi. Et de cela, je serais bien contente.

Jean Beaupère. — Pourquoi cette voix ne parle-t-elle pas avec votre Roi comme elle faisait quand vous étiez en sa présence ?

Jeanne. — Je ne sais si c’est la volonté de Dieu. N’était la grâce de Dieu, je ne saurais rien faire.

Jean Beaupère. — Votre conseil vous a-t-il révélé si vous échapperiez des prisons ?

Jeanne. — Cela, ai-je à vous le dire ?

Jean Beaupère. — Cette nuit, la voix vous a-t-elle donné conseil et avis sur ce que vous deviez répondre ?

Jeanne. — Si elle me l’a révélé, je n’ai pas bien compris.

Jean Beaupère. — En ces deux derniers jours où vous avez entendu les voix, est-il venu quelque clarté ?

Jeanne. — Au nom de la voix vient la clarté.

Jean Beaupère. — Avec les voix, voyez-vous quelque chose autre ?

Jeanne. — Je ne vous dis pas tout, car je n’en ai congé, et aussi mon serment ne touche pas à cela. La voix est bonne, et digne, et de cela je ne suis pas tenue de vous répondre. Au surplus, donnez-moi par écrit les points sur lesquels je ne réponds pas maintenant.

Jean Beaupère. — Cette voix à laquelle vous demandez conseil, a-t-elle la vue et les yeux ?

Jeanne. — Vous n’aurez pas encore cela. Le dict des petits enfants est qu’on pend bien aucunes fois les gens pour dire la vérité.

Jean Beaupère. — Savez-vous si vous êtes en la grâce de Dieu ?

Jeanne. — Si je n’y suis, Dieu m’y mette ; et si j’y suis, Dieu m’y tienne. Je serais la plus