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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/50

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dolente du monde si je savais n’être pas en la grâce de Dieu. Et, si j’étais en péché, je crois que la voix ne viendrait pas à moi. Et je voudrais que chacun l’entendît aussi bien comme moi.

Jean Beaupère. — Quel âge aviez-vous quand vous l’entendîtes pour la première fois ?

Jeanne. — Je tiens que j’étais en l’âge de treize ans quand la voix me vint la première fois.

Jean Beaupère. — En votre jeunesse, alliez-vous vous ébattre avec les autres jouvencelles aux champs ?

Jeanne. — J’y ai bien été quelques fois, mais ne sais en quel âge.

Jean Beaupère. — Ceux de Domrémy tenaient-ils le parti des Bourguignons ou le parti adverse ?

Jeanne. — Je ne connaissais qu’un Bourguignon, et j’eusse bien voulu qu’il eût la tête coupée, voire s’il eût plu à Dieu !

Jean Beaupère. — Au village de Maxey, étaient-ils Bourguignons ou adversaires des Bourguignons ?

Jeanne. — Ils étaient Bourguignons.

Jean Beaupère. — La voix vous a-t-elle dit en votre jeunesse de haïr les Bourguignons ?

Jeanne. — Depuis que je compris que les voix étaient pour le Roi de France, je n’ai point aimé les Bourguignons. Les Bourguignons auront la guerre s’ils ne font ce qu’ils doivent. Et je le sais par la voix.

Jean Beaupère. — En votre jeune âge, avez-vous eu révélation par la voix que les Anglais devaient venir en France ?

Jeanne. — Jà les Anglais étaient en France, quand les voix commencèrent à me venir.

Jean Beaupère. — Oncques fûtes-vous avec les petits enfants qui se combattaient pour le parti que vous tenez ?

Jeanne. — Non, je n’en ai mémoire. Mais j’ai bien vu qu’aucuns de ceux de la ville de Domrémy s’étaient combattus contre ceux de Maxey, et en revenaient quelques fois bien blessés et saignants.

Jean Beaupère. — En votre jeune âge, aviez-