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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/52

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Jeanne. — Je ne sais. J’ai vu mettre aux branches de l’arbre des chapeaux de fleurs par les jouvencelles, et moi-même en ai mis quelquefois avec les autres filles. Et parfois nous les emportions, et parfois nous les laissions. Depuis que je sus que je devais venir en France, je fis peu de jeux ou ébattements et le moins que je pus. Et je ne sais point si, depuis que j’eus entendement, j’ai dansé près de l’arbre. Parfois j’y peux bien avoir dansé avec les enfants ; mais j’y ai plus chanté que dansé.

Jean Beaupère. — Avez-vous souvenir d’un bois qu’on nomme le Bois-Chesnu ?

Jeanne. — Il y a un bois que l’on appelle le Bois-Chesnu, qu’on voit de l’huis de mon père, et il n’y a pas la distance d’une demi-lieue. Je ne sais, et je n’ai oncques ouï dire, si les Dames Fées y conversaient. Mais j’ai ouï dire à mon frère qu’on disait au pays que j’avais pris mon fait à l’Arbre de mesdames les Fées. Mais ce n’était point, et je lui ait dit le contraire. Quand je vins devant mon Roi, aucuns demandaient si, en mon pays, il n’y avait point de bois qu’on appelât le Bois-Chesnu. Car il y avait prophéties qui disaient que de devers le Bois-Chesnu devait venir une Pucelle qui ferait merveilles. Mais en cela je n’ai point ajouté foi.

Jean Beaupère. — Voulez-vous avoir habit de femme ?

Jeanne. — Baillez-m’en un, je le prendrai et m’en irai. Autrement, je ne le prendrai pas, et suis contente de celui-ci, puisqu’il plaît à Dieu que je le porte.

L’Évêque. — Cela dit, nous faisons arrêter tout interrogatoire pour ce jour.


IV


Le mardi 27 février, dans la même salle.

L’Évêque. — Nous requérons Jeanne de prêter serment de dire vérité sur ce qui touche le procès.