Page:Robert de Paradès - Mémoires secrets.djvu/24

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m’ayant accompagné jusqu’à mon auberge, je lui donnai encore deux guinées pour sa peine. Il prit congé de moi en m’assurant qu’il me seroit dévoué toute sa vie. J’avois eu soin de retirer mes papiers du canon, lorsque je reconnus qu’il n’y avoit aucun risque pour moi. (On verra, par la suite, de quelle utilité me fut cet homme, & avec quelle fidélité il me servit.)

Je trouvai mes deux Juifs fort en peine de moi, & très-alarmés d’une aussi longue absence ; lorsque nous eûmes terminé pour l’objet essentiel qui nous avoit amenés à Plimouth, nous reprîmes la route de Londres.

Mon principal agent n’étoit pas moins avancé que moi ; il avoit découvert un capitaine de vaisseau sans emploi, mécontent du Gouvernement, & écrasé de dettes, qui s’étoit laissé séduire, & qui avoit consenti de se prêter à mes vues, au moyen des avantages qu’on lui faisoit pour commander le bâtiment que le Ministre de France vouloit avoir.

Comme je n’étois pas autorisé à traiter définitivement, je lui dis que je ne pouvois que recevoir ses propositions ; les voici :

« On achètera un bâtiment propre pour la course ; j’en compléterai l’équipage à 75 hommes, & plus s’il le faut ; les prises que je ferai