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Page:Robida - Le Vingtième siècle - la vie électrique, 1893.djvu/169

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Le Vingtième Siècle

coupé de ravins, sillonné de rivières, et montrait au loin, sur des roches isolées ou sur les différentes croupes de collines, cinq ou six ruines de vieux châteaux et seulement, l’industrie étant encore peu développée dans la région, une vingtaine de groupes d’usines fumeuses à l’horizon.

Pour revenir à l’hôtel parisien abandonné par le banquier milliardaire comme trop simple et ne convenant plus à sa haute situation, il n’en était pas moins un somptueux petit bijou d’architecture moderne en délicieuse situation.

On jouissait d’une vue admirable et très étendue des loggias du grand salon du dixième étage au-dessus du sol, c’est-à-dire du premier, comme on a l’habitude de dire, maintenant que l’entrée principale d’une maison est sur les toits, à l’embarcadère aérien. De cette loggia, ainsi que des miradors vitrés suspendus aux façades, on apercevait tout Paris, l’immense agglomération quasi-internationale de 11 millions d’habitants qui fait battre sur les rives de la Seine le cœur de l’Europe et presque le cœur du monde, en raison des nombreuses colonies asiatiques, africaines ou américaines fixées dans nos murs ; on planait au-dessus des plus anciens quartiers, ceux de la vieille Lutèce, bouleversés par les embellissements et les transformations, par delà lesquels d’autres quartiers plus beaux, les quartiers modernes, si étonnamment développés déjà, projetaient au loin d’immenses boulevards en construction.

Là-bas, derrière les hauts fourneaux, les grandes cheminées et les coupoles de réservoirs électriques du grand musée industriel des Tuileries, se dressent, au centre du berceau de Lutèce, flottant entre les deux bras de la Seine, — de la vieille Lutèce agrandie et transformée, allongée, grossie, gonflée et hypertrophiée — les tours de Notre-Dame, la vieille cathédrale, surmontées d’un transparent édifice en fer, simple carcasse aérienne de style ogival comme l’église, portant, à 80 mètres au-dessus de la plateforme des tours, une seconde plate-forme avec bureau central d’aéronefs omnibus, commissariat, restaurant et salle de concert de musique religieuse. La tour Saint-Jacques se montre non loin de là, surmontée, elle aussi, à 30 mètres, d’un immense cadran électrique et d’une seconde plate-forme autour de laquelle voltigent, à différentes hauteurs, les aérocabs d’une station.

Des édifices aériens pointent très nombreux au-dessus des cent mille embarcadères des maisons, au-dessus des toits où s’étalent, de cime en cime, de gigantesques réclames pour mille produits divers. On distingue