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Le Vingtième Siècle

« Allons travailler ! » dit enfin Georges en dégageant de sa tringle l’aérocab, qui fila bientôt vers un des laboratoires Philox Lorris, établis avec les usines d’essai, sur un terrain de 40 hectares dans la plaine de Gonesse.

Pendant ce temps, à Lauterbrunnen-Station, Estelle Lacombe, demeurée seule, laissait bien vite ses cahiers et courait à sa fenêtre pour interroger anxieusement l’horizon. Pendant l’ouragan, n’était-il rien arrivé à sa mère dans sa course à Paris, ou à son père dans sa tournée d’inspection ? Tout était tranquille dans la montagne ; le Casino aérien, redescendu à Lauterbrunnen-Station au premier signal d’alarme, remontait doucement aux couches supérieures, pour donner à ses hôtes le spectacle du coucher du soleil derrière les cimes neigeuses de l’Oberland.

Estelle ne resta pas longtemps dans l’inquiétude : un aérocab venant d’Interlaken partit tout à coup, et la jeune fille, avec le secours d’une lorgnette, reconnut sa mère penchée à la portière et pressant le mécanicien. Mais aussitôt une sonnerie du Télé fit retourner Estelle, qui jeta un cri de joie en reconnaissant son père sur la plaque.

M.  Lacombe, dans une logette de phare, de l’air d’un homme très pressé, se hâta de parler :

« Eh bien ! fillette, tout s’est bien passé ? Rien de cassé par cette diablesse de tournade, hein ? Heureux ! Je t’embrasse ! J’étais inquiet… Où est maman ?

— Maman revient ! Elle arrive de Paris…

— Encore ! fit M.  Lacombe. À Paris ! pendant cette tourmente ! Quelle inquiétude, si j’avais su !

— La voici…

— Je n’ai pas le temps ! Gronde-la pour moi ! Je suis resté en panne pendant la tournade au phare 189, à Bellinzona ; je serai à la maison vers neuf heures ; ne m’attendez pas pour dîner… »

Drinn ! Il avait déjà disparu. Au même moment, Mme Lacombe mettait le pied sur le balcon et payait précipitamment son aérocab. La porte du balcon s’ouvrit et la bonne dame, chargée de paquets, s’écroula dans un fauteuil.

« Ouf ! ma chérie, comme j’ai eu peur ! Tu sais que j’ai vu plusieurs accidents…

— Je viens de communiquer avec papa, répondit Estelle en embrassant sa mère ; il est au 189, à Bellinzona ; il va bien, pas d’accident… Et toi, maman ?