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Le Vingtième Siècle

— Je suppose que tu as montré pourtant, par quelques mots spirituels, mais techniques, sur la tournade électrique, que tu étais ferrée sur tes sciences, que tu avais tes diplômes…

— Je ne sais trop ce que j’ai pu dire… mais ce monsieur a été très aimable ; il a vu mon insuffisance, au contraire, car il doit m’envoyer des notes, des phonogrammes de conférences de son père.

— De son père ! de l’illustre Philox Lorris ! Quelle heureuse chance ! Ces Télés ont quelquefois du bon avec leurs erreurs… je le reconnais tout de même… Il t’enverra des phonogrammes, je ferai une petite visite de remerciements, je parlerai de ton père qui croupit dans un poste secondaire aux Phares alpins… J’obtiendrai une recommandation du grand Philox Lorris et ton père aura de l’avancement. Je me charge de tout, embrasse-moi ! »

Drinn ! Drinn ! C’était le Télé. Dans la plaque apparut encore M. Lacombe.

« Ta mère est revenue ! Ah ! bon, te voilà, Aurélie ? J’étais inquiet ; au revoir, très pressé ; ne m’attendez pas pour dîner, je serai ici à neuf heures et demie… »

Drinn ! Drinn ! M.  Lacombe avait disparu.

Nous ne savons si l’incident amené par la tournade troubla le sommeil d’Estelle, mais sa mère fit, cette nuit-là, de beaux rêves où MM.  Philox Lorris père et fils tenaient une place importante. Mme Lacombe était en train, aussitôt levée, de se faire encore une fois raconter par sa fille les détails de sa conversation de la veille avec le fils du grand Philox Lorris, lorsque l’aéro-galère du tube amenant des touristes d’Interlaken apporta un colis tubal adressé de Paris à Mlle Estelle Lacombe.

Il contenait une vingtaine de phonogrammes de conférences de Philox et de leçons d’un maître célèbre qui avait été le professeur de Georges Lorris. Le jeune homme avait tenu sa promesse.

« Je vais prendre le tube de midi pour faire une petite visite à Philox Lorris ! s’écria Mme Lacombe joyeuse. C’est mon rêve qui se réalise, j’ai rêvé que j’allais voir le grand inventeur, qu’il me promenait dans son laboratoire en me donnant gracieusement toutes sortes d’explications, et qu’enfin il m’amenait devant sa dernière invention, une machine très compliquée… « Ça, madame, me disait-il, c’est un appareil à élever électriquement les appointements ; permettez-moi de vous en faire hommage pour monsieur votre mari… »