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Le Vingtième Siècle

— Toujours ton dada ! fit M. Lacombe en riant.

— Crois-tu qu’il soit agréable de vivre de privations de chapeaux roses comme j’en ai vu un hier à Babel-Magasins ?… Je vais l’acheter en passant pour aller chez Philox Lorris !

— Du tout, je m’y oppose formellement, dit M. Lacombe, pas au chapeau rose, tu le feras venir si tu veux, mais à la visite chez Philox Lorris… Attendons un peu ; quand Estelle passera son examen, si, grâce aux leçons envoyées par M. Lorris, elle obtient son grade d’ingénieure, il sera temps de songer à une petite visite de remerciement… par Télé… pour ne pas importuner.

— Tiens, tu n’arriveras jamais à rien ! » déclara Mme Lacombe.


petites opérations de bourse.

L’entrée de la servante Grettly apportant le déjeuner coupa court au sermon que Mme Lacombe se préparait, suivant une habitude quotidienne, à servir à son mari avant son départ pour son bureau. La pauvre servante, à peine remise de sa frayeur de la veille, vivait dans un état d’ahurissement perpétuel. Dans nos villes, les braves gens de la campagne, fils de la terre ne connaissant que la terre, cervelles dures, réfractaires aux idées scientifiques, les ignorants contraints d’évoluer dans une civilisation extraordinairement compliquée qui exige de tous une telle somme de connaissances, vont ainsi perpétuellement de la stupéfaction à la frayeur. Tourmentés, effarés, ces enfants de la simple nature ne cherchent pas à comprendre cette machinerie fantastique de la vie des villes ; ils ne songent qu’à se garer et à regagner le plus vite possible leur trou au fond d’un hameau encore oublié par le progrès. L’ahurie Grettly, une épaisse et