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IX


Une cause célèbre. — Les avocats féminins. Comment Hélène, à ses débuts au barreau, épargna des désagréments à l’intéressant et infortuné Jupille, coupable d’un homicide par contrariété.


Une avocate attendrissante.
Une avocate attendrissante.

Hélène avait une physionomie attendrissante ! M. Ponto l’avait dit. Les premiers mots de M11e Malicorne, lorsque M. Ponto lui présenta sa pupille, furent une remarque sur les lignes douces et sur le caractère attendrissant de la figure d’Hélène.

« Mademoiselle, s’écria M11e Malicorne, votre tuteur a bien raison de vous lancer dans le barreau, vous avez tout à fait le physique de l’emploi… une figure régulière, une bouche expressive, de grands yeux où les larmes doivent venir facilement… très bien !… très bien !… avec des études et mes conseils, vous ferez très vite une bonne avocate criminelle ! »

M11e Malicorne était une des avocates les plus occupées du barreau de Paris ; elle partageait avec M11e Lachaud, l’arrière-petite-nièce d’un éminent avocat du xixe siècle, le monopole des grands procès criminels, des causes célèbres qui tiennent les populations haletantes et font rêver les concierges sur leurs journaux.

Pas un criminel poursuivi, pas un innocent injustement accusé, pas un assassin célèbre ne voulait se faire défendre par une autre avocate que l’une des deux. Quand ils ne pouvaient obtenir le secours puissant de la parole et des larmes de M11e Lachaud ou de M11e Malicorne, les criminels étaient désespérés et faisaient des façons pour se laisser juger, sachant bien que nulle avocate ne saurait, mieux que ces deux célébrités, les tirer d’affaire à meilleur compte.

Hélène Colobry, quatrième secrétaire de Me Malicorne, n’avait autre chose à faire qu’à étudier les dossiers et débrouiller les menues affaires ;