Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/164

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site si prompte et si complète, notre cachottière ayant affecté jusqu’ici une certaine antipathie contre le barreau… Je suis enchantée ! voici une bonne recrue pour la cause féminine !… Gardez bien votre circonscription, on vous suscitera aux élections une concurrence féminine !

— Mademoiselle n’aurait qu’à paraître, dit le député, pour abattre toute candidature masculine.

— Des fadeurs ! fit l’interrupteur.

Le robinet aux liquides.
Le robinet aux liquides.

— Voulez-vous me donner votre bras, mon cher député, reprit Mme Ponto, nous causerons du programme féminin… En adversaire loyale, je tiens à vous signaler les points sur lesquels porteront nos réclamations et revendications… »

L’interrupteur du député mâchonna, d’un air de mauvaise humeur, des phrases incohérentes entre ses dents. Hélène, très surprise, saisit quelques mots : faudrait voir, corruption, high life, braves citoyens, méfiance, femme du monde !

M. Rouquayrol s’était levé pour offrir galamment son bras à Mme Ponto. L’interrupteur se leva aussi et arrêtant le député par une basque de son habit :

« Dites donc, fit-il, vous ne me soignez guère ! vous n’avez pas soif ?

— Ah, pardon, dit le député, j’oubliais…

— Permettez, fit Mme Ponto, voici les robinets de rafraîchissements… Mon cher député, acceptez-vous un sorbet ou un verre de groseille framboisée ?…

— Un sorbet, dit le député.

— Moi, je prendrai un simple cognac, dit l’interrupteur, ou un verre de parfait amour !

— Voyez le robinet du cognac supérieur, répondit Mme Ponto sans s’effaroucher du sans-gêne de l’ami du député. »

Grâce aux Compagnies de rafraîchissements pour bals et soirées, on n’a plus, dans les salons, l’ennui de faire porter de groupe en groupe, par des domestiques souvent maladroits, les plateaux chargés de glaces et de liqueurs. C’est un embarras de supprimé et bien des robes tachées, bien des