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vée aux études parlementaires et enfin pour les logements des professeurs et pour les dortoirs des élèves internes, car il y a des élèves internes et externes.

Le directeur du Conservatoire politique.
Le directeur du Conservatoire politique.

Le directeur du Conservatoire politique, prévenu de la visite de Mme Ponto, la fit introduire immédiatement dans son cabinet. Le vétéran des assemblées législatives semblait la personnification même du parlementarisme : le corps sanglé dans un habit noir, le chef enchâssé dans un gigantesque faux col, cravaté de blanc, il pinçait majestueusement ses lèvres en clignant des yeux derrière des lunettes à branches d’or. Les nombreux orages parlementaires auxquels il avait assisté dans le cours de sa vie l’avaient sans doute rendu sourd d’un côté, car on lui voyait dans l’oreille droite un petit microphone en ivoire qu’il tournait avec une grimace du côté de ses visiteurs.

« Cher maître, dit Mme Ponto, avez-vous beaucoup d’élèves au Conservatoire ?

— Trop, répondit le directeur, tout le monde aspire à devenir homme d’État ! Au dernier concours d’admission il y avait douze cents aspirants et nous n’avions que deux cents places…

— Beaucoup de jeunes filles ?

— Presque le quart !

— Je m’en félicite ! dit Mme Ponto, je suis heureuse de voir la femme avancer peu à peu dans la voie des revendications… Pourquoi l’homme conserverait-il pour lui seul l’apanage des emplois politiques et administratifs ? place aux femmes d’État !

— Comme homme politique vous me permettrez, chère madame, de réserver mon opinion sur l’admissibilité des femmes aux fonctions publiques ; mais, comme directeur du Conservatoire, je m’occupe avec impartialité de mes élèves des deux sexes, sans favoriser les uns au détriment des autres…