Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/271

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Et M. Hector Piquefol, ouvrant un tiroir de son bureau, en tira une feuille de verre qu’il tendit à un employé. Immédiatement sur la plaque du téléphonoscope, les femmes d’Abd-el-Razibus disparurent pour faire place à un gigantesque portrait en pied du correspondant de Biskra dans son costume de campagne.

Des bravos éclatèrent dans la foule massée sur le boulevard à la vue de cette héroïque figure. Le bruit de l’accident arrivé au correspondant avait déjà gagné les groupes — les applaudissements redoublèrent quand au-dessous du portrait apparurent les mots suivants en lettres de deux pieds :


notre correspondant de biskra
grièvement blessé.
balle dans le bras droit. amputation probable.


« Nous aurons au moins deux mille abonnés de plus demain, dit Hector Piquefol ; je vais envoyer à mon correspondant une prime de quarante mille francs… je suis très content de lui ! très content !

— Ma chère Hélène, dit Mme Ponto, vous voyez ce que vous avez à faire pour contenter votre rédacteur en chef…

— Non, fit Hector Piquefol, à moins que mademoiselle n’ait du goût pour les coups de fusil, nous ne l’enverrons pas à Biskra… elle nous fera les échos des Salons, c’est moins dangereux…

— Je pars décidément, dit Mme Ponto, je laisse ma pupille à son article. »