Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/372

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Hélène aperçoit de temps en temps sa cousine Barbe, très sérieusement occupée à défendre contre les tentatives des baissiers la très importante affaire du tunnel sous-marin transatlantique, une création de la maison Ponto, attaquée assez déloyalement par un syndicat de spéculateurs. M. Ponto lutte de son côté, Hélène se rend utile en portant les communications du banquier à sa lieutenante. Le soir elle assiste, comme secrétaire de M. Ponto, aux séances du conseil d’administration du tunnel transatlantique. M. Ponto est admirable dans ces séances. Avec l’énergie d’un père, il défend son tunnel, démasque les batteries des ennemis et fait voter par le conseil les mesures qu’il juge nécessaires.

LA MINORITÉ FÉMININE À LA CHAMBRE.
LA MINORITÉ FÉMININE À LA CHAMBRE.

« Oui, messieurs, dit-il un jour que les actions du tunnel ont perdu 250 francs dans une seule séance, il faut le reconnaître, le grand danger pour l’Europe, c’est l’Amérique ! les adversaires de notre tunnel ont touché juste, notre vieille Europe est fortement menacée par la jeune et remuante Amérique. Les trois cents millions d’hommes du Nord-Amérique et les deux cents millions du Sud commencent à se trouver à l’étroit sur leur continent, et ils regardent vers l’Europe d’une manière qui doit singulièrement préoccuper nos gouvernants, j’en conviens ! mais je prétends que notre tunnel n’ajoute en rien au danger ; les inquiétudes que les adversaires de notre entreprise sèment dans le public ne reposent sur aucune base sérieuse. Je prétends qu’une invasion américaine par le tunnel est chose matériellement impossible, et je soutiens que jamais un général américain ne pourrait songer, sans folie, à se risquer dans l’immense tube de fer que nous avons jeté de Brest à Panama, avec tant de peines et au prix de tant de sacrifices d’argent !