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ENFANT À L’ÉCOLE


affaires importantes vinssent l’arracher à sa joie ; mais il lui en resta une sorte d’ivresse qui lui confondait les sens au point qu’à la seule pensée de ce bonheur, il était obligé d’interrompre ses travaux.

Il donna donc vacances pour plusieurs jours, et montra pendant tout ce temps la sérénité ineffable d’un mortel qui a goûté ces joies mystérieuses et célestes qu’il n’est guère donné à l’homme d’exprimer, et cela était bien vrai pour la forme, mais non pour l’essence de l’acte. Nous avons déjà dit qu’il avait l’art de plaire au plus haut degré : il n’y avait jamais eu dans son école de garçon si rétif qu’il n’eût assoupli par ses manières affables et courtoises et qu’il n’eût forcé à se jeter vaincu dans ses bras ; pas un qui ne lui eût accordé ce qu’il désirait, et qui ne l’eût récompensé avec usure de son affection. C’était là le délassement de ses fatigues dans l’enseignement ; c’était là le véritable revenu de sa science féconde et infaillible.

Mais autant la beauté d’Alcibiade l’emportait sur celle des autres, autant le plaisir qu’il espérait goûter avec lui lui semblait devoir être