Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/105

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Naissance dans le cœur d’un mystérieux rosier blanc qu’il faut arroser avec des larmes !

Lorsque Hans était parti, accompagnant sa mère, Wilhelmine se trouvait désemparée. Les heures étaient longues. Le silence de la demeure l’ennuyait. Elle cherchait à réentendre la voix de Hans, à recomposer son visage, triste d’en perdre sans cesse le fuyant dessin. Fragilité de la mémoire humaine où n’apparaît que le présent, qui remédie si peu à l’absence et ne garde de ce qu’on voudrait revoir que ce qu’un miroir conserve, tout au fond. À peine se rappelait-elle, de Hans, ses cheveux de lumière, l’arête vive de son nez, l’ensemble de sa stature ; mais la nuance indéfinissable de ses yeux, la ligne de sa bouche qui aboutissait à un petit pli, un peu dédaigneux ? Wilhelmine cherchait, s’efforçait ; car elle avait besoin du cher visage. Elle aurait bien voulu avoir son portrait, pour s’aider…

Mais elle n’osait pas le lui deman-