Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

leurs pas, marchant en groupe maintenant, et silencieux, les deux femmes un peu lasses du vent vif et de la marche, et Wilhelmine à cause de ce qui s’était consommé d’irrémédiable en son cœur où elle avait l’air de bercer un enfant mort-né… Hans, le regard vers les plaines assombries, priait intérieurement.

C’était, en eux et autour d’eux, la mélancolie de tout ce qui s’achève, — fin de l’espoir et chute du jour. Mme Cadzand, à voir l’air contraint des enfants, se douta bien qu’il s’était passé quelque chose de triste. Elle regarda, inquiète et morne, mourir dans leurs yeux le soleil… Car des brumes se tissaient, ascensionnaient, montaient du ras des campagnes jusqu’à l’astre qui devenait pâle, disparaissait sous des tulles diaphanes, une mousseline anémiée.

Quand ils approchèrent de la ville, le crépuscule triomphait. Les moulins, au bord des talus, immobilisés, à demi submergés, s’offraient géométriquement, en croix, comme sur des tombes.