Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/165

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pour Hans, c’était du moins une créature jeune — et belle après tout — qui lui révélait le grand mystère. Ursula le désirait, l’aimait ; rien de vénal comme pour tant d’autres, n’était entre eux. Sa première nuit d’amour serait quand même un peu nuptiale.

Mme Cadzand, en fièvre, écoutait. Elle se rappela d’autres nuits, celles où Hans fut conçu entre des baisers pareils…

La veuve sentit, dans sa chair, les souvenirs, les regrets, l’écho brûlant des anciennes voluptés… Oui, Hans était l’enfant de l’amour. Comment aurait-il échappé au désir du spasme sacré ? Mille pensées s’intercalaient, chevauchaient dans sa tête en feu, dont l’une émergea, revint, la rafraîchit : peut-être que ceci était le salut et le bonheur pour elle. Comment Hans s’obstinera-t-il dans sa vocation religieuse après la révélation de la femme ? Osera-t-il s’engager au vœu de chasteté, maintenant qu’il a connu le péché et la joie de la chair ? Mme Cadzand s’exalta d’un espoir im-