Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/168

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fendre contre quelque chose d’invisible qui de nouveau l’atteignait. C’étaient les yeux d’Ursula dont le fluide courait déjà au long de ses nerfs, brûlure et caresse. Recommencement du sortilège ! Ses yeux approchaient, quittaient le visage d’Ursula, comme des araignées quittent leur toile à laquelle un fil les rattache et qu’elles pourront réintégrer. Et c’étaient vraiment des araignées bleues sur la chair de Hans, les rapides yeux d’Ursula, glissant partout, le titillant de mille pattes invisibles qui caressaient, énervaient, chatouillaient, multipliaient de petits spasmes infinitésimaux qui étaient mille étincelles se rallumant dans les cendres mortes du plaisir. Car il restait tout vibrant de la nuit. Il ne cessait pas de songer à l’Acte : dégoût et délice ! C’était donc là le grand mystère, l’Éternel Amour pour qui les hommes souffrent, s’agitent, s’exilent, se ruinent, tuent !

Délire éphémère, frisson, torsion, comme si on était, une minute, traversé d’un éclair qui nous inoculerait