Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/192

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choisi que pour un haut dessein. Or, il s’était rendu indigne de ce dessein-là. Dieu l’appelait pour être une lumière de sainteté, un vase de chasteté. Le vase avait eu la fêlure du péché et, si effacée qu’elle parût, il en filtrerait toujours quelque chose. Mais qu’est-ce donc quand ce quelque chose est le sang même de Jésus confié à ce vase ? Et voit-on le précieux sang s’en aller en gouttelettes, en bruine rouge éternisant autour du vase fêlé la sueur d’agonie du Jardin des Olives ? Rien ne pourrait faire que le vase redevînt intact. Rien n’empêcherait ce qui fut d’avoir été. C’était l’irrémédiable. Dieu ne le désirait plus, ne le cherchait plus, puisqu’il était devenu un autre…

Ainsi Mme Cadzand garda son fils, et le gardera jusqu’au bout de sa vie, à coup sûr, car nulle femme, nul amour ne pourront désormais le lui disputer. Il est sorti de sa première faute comme d’un gouffre dont on n’approchera plus. Mais tout en l’ayant conservé près d’elle, comme elle l’a tant voulu,