Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/41

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Mais peu à peu l’exemple de son fils l’avait ramenée. On fit quotidiennement la prière du soir en commun. Hans le lui avait demandé. La prière ainsi faite serait bien plus agréable à Dieu.

Une seule voix qui prie, c’est comme un seul cierge devant l’autel. On allume beaucoup de cierges devant l’autel ; il faut que beaucoup de voix, le plus de voix possible, s’unissent, se tressent ; et cela fait alors un grand chemin d’oraisons jusqu’au ciel par où Dieu peut descendre. Ainsi la prière du soir, dans la vieille demeure de la rue de l’Âne-Aveugle, était devenue un vrai petit office familial ; les servantes comparaissaient aussi, s’agenouillaient derrière les maîtres, au fond de la grande chambre du premier étage qui, par les soins de Hans, avait pris un aspect de chapelle.

Durant le mois de mai surtout, le mois de Marie, si clair et si joli ! Une statue de la Vierge occupait le centre de la cheminée, parée comme un autel, comme un reposoir de procession.