Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

continuer à prier. Il possédait assez de fortune pour vivre de loisirs, de bonnes causeries, de messes entendues, de lectures, et peut-être de quelques études savantes, où il continuerait l’œuvre de son père, la mise en lumière de l’histoire et des grands noms du pays.

Hans savait ce beau rêve de vie à deux caressé par sa mère. Elle le lui avait souvent énoncé ; il avait toujours acquiescé pour ne pas la contrister, attendant l’heure et le signe de Dieu. Or Dieu lui avait fait signe définitivement, durant la retraite finale. Ç’avait été soudain une évidence, l’approche d’une grande lumière, et il avait vu son âme claire comme un parloir où Jésus descendait lui parler.

Il se décida ; il avoua tout à la pauvre Mme Cadzand qui, dès les premiers mots, éclata en sanglots. Qu’est-ce qu’elle entendait là ? Qu’est-ce que Dieu lui voulait encore ? C’était comme l’annonce d’une nouvelle mort. Elle allait se retrouver seule. C’est Hans maintenant, tout pâle de son aveu, qui lui parut une seconde statue de cire,