Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/73

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y allait parfois, les seuls jours qu’il se décidait à sortir, cheminait vers la verte banlieue où il s’isole, passait de délicieux instants à rêver sous les ormes du terre-plein, à suivre le passage d’une cornette dans les vitres, comme d’un oiseau blanc dans le champ gelé d’un télescope, à prier parmi la chapelle où des noms d’anciennes Grandes Dames s’effacent avec des dates reculées, quinzième et seizième siècle, sur les dalles tumulaires qui la pavent.

Chez lui, il priait aussi durant plusieurs heures, lisant chaque jour le bréviaire, avec la ponctualité d’un religieux. Car ses travaux n’étaient qu’une façon d’occuper le temps, d’ennoblir des loisirs qu’il sentait transitoires.

Mme Cadzand s’en apercevait bien, et qu’il restait ferme dans son idée. Par obéissance et tendresse filiale, il avait ajourné son projet, mais seulement ainsi qu’elle l’avait voulu, pour quelques années, tout au plus jusqu’à sa majorité. Il vivait déjà presque