Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/74

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comme un moine : messe matinale, jeûnes sévères, le bréviaire et les vêpres, confession et communion fréquentes. Il ne frayait avec personne.

Pourtant Mme Cadzand espérait encore. Le temps collabore si mystérieusement à user tous les projets ! Il fait sur nos idées les plus vives, les plus arrêtées, un lent travail de décoloration, où notre esprit les réincorpore, s’en dénude, comme une étoffe où des fleurs pâlissent. Chaque heure emporte quelque chose de nous, apporte quelque chose en nous. Bientôt nous n’avons plus que l’apparence d’être les mêmes. Les molécules dont notre chair est l’agrégat ont toutes été remplacées, au bout de peu d’années. N’en est-il pas de même du cerveau et des idées qui y adhèrent ?

Et puis, cette vocation religieuse de Hans était-elle bien foncière et irrémédiable ? Peut-être qu’il n’y avait là qu’une exaltation juvénile. La piété est une forme de la sensibilité extrême, une façon de canaliser la