Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/75

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surabondance intérieure. C’est en cela que la religion est merveilleuse. Elle offre un amour sans périls, un plaisir sans remords. Grâce à elle, l’infini s’extériorise. Et quelle fraîcheur pour les doigts, pour le front, pour l’âme en feu de l’adolescent, dans l’eau des bénitiers ! Passion pour quelque chose de si loin qu’il est comme s’il n’était pas. N’importe, c’est assez pour aspirer, dire des paroles où il y a de l’amour, comme dans toutes les prières. Mais qu’un autre idéal apparaisse, la transposition s’opère. On avait humanisé Dieu ; on va diviniser la créature. C’est elle qui sera sur l’autel, adorée, priée, cajolée de fleurs, brodée de larmes.

Mme Cadzand avait confiance. Ce mot ancien de Hans lui revenait à l’esprit : « J’aime surtout la Vierge, parce qu’elle est femme ! » À son insu et par la force de l’instinct, il avait livré ainsi le secret de son cas. Qu’une femme arrive, qu’elle émeuve son cœur, et c’est elle aussitôt qui sera la Vierge et qu’il aimera par-