d’élite qui souffrent avec lui, exilées dans l’imparfait et qui voudraient entrer dès ici-bas dans l’Idéal.
Or comment entrer dans l’Idéal ? Comment échapper au spleen ? Spleen et Idéal, c’est le titre d’une partie importante des Fleurs du mal ; c’est la devise même de la vie du poète, et comme les deux rives entre lesquelles sa pensée a gémi.
C’est donc pour oublier que l’homme accueille avec ivresse la femme quand elle lui apporte le fruit de sa chair : — ô Arbre de la Tentation, espalier des seins mûrs, chevelure enroulée en serpent câlin au tronc de son corps nu ! Et, comme jadis au Paradis terrestre, elle nous murmure aujourd’hui encore, de sa voix spécieuse : « Mange, tu seras semblable à Dieu ! »
Mais la chair de la femme n’est pas le seul fruit d’oubli que le Tentateur nous offre. Il y a d’autres moyens désormais d’échapper au spleen, d’entrer de force dans l’Idéal. Voici le Vin, d’abord, qui promet d’éblouir de ses prestiges même les plus déshérités. Et plusieurs morceaux se suivent : le Vin de l’Assassin, le Vin du Solitaire, le Vin des Chiffonniers.
Puis les autres ivresses, les autres moyens d’échapper à soi-même : le Jeu, le Sommeil, le