Joris et Godelieve restaient seuls.
Ils ne dirent aucune parole. Joris eut l’impression que la vie s’était écroulée sur lui. Il se sentit dans du vide, comme en un séjour profond où sa chute avait tout brisé. Il lui sembla qu’il était tombé du haut de la tour, du haut de leur amour monté aussi haut que la tour. Une sensation d’irréparable lui vint très tristement. Il s’apparut à lui-même au-delà de la vie ; et le drame qu’il venait de vivre eut l’air très lointain, très ancien, comme advenu dans une existence d’autrefois à un homme mort qui lui ressemblait. Cette vieille histoire d’amour avait mal fini, certes. Ce fut la faute de la femme qui avait eu peur, renonça trop vite ; lui non plus n’insista pas assez. Ils avaient attiré le châtiment pour s’être reniés eux-mêmes.
Maintenant, c’était déjà comme un songe, comme si rien n’avait été.
Tout à coup, parmi ses pensées à la débandade, Joris fut ramené à la réalité par Godelieve qui, debout, lui tendait la main, avait l’air de vouloir le quitter.
Joris lui demanda :
— Qu’allez-vous faire ?
— Vous voyez bien, répondit Godelieve, d’une voix d’agonie, que je ne peux plus rester ici.
— Oui, fit Joris, nous partirons.
Et dans le muet désastre, se sentant seul, il voulut se raccrocher à elle, l’attirer contre lui, la ressaisir,