Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/111

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X

Tel soir fané, telle heure éphémère suscite
Aux miroirs de mon âme un souvenir de site ;
Sites recomposés, qu’on eût dit oubliés :
D’un canal mort avec deux rangs de peupliers
Dont les feuilles vont se cherchant comme des lèvres ;
Et d’une âpre colline où de bêlantes chèvres,
Dont le cri se déchire aux épines aussi,
S’appellent l’une l’autre, et d’un air si transi !
Décor surtout des quais dormants en enfilade,
Pignons, rampes de bois par-dessus l’eau malade
Où chaque feu miré se délaye en halo,
Fragile et fugitif maquillage de l’eau