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Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/73

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Car l’essor des jets d’eau défaille en cascatelles
Et leur cœur est aussi comme d’un exilé,
Cœur caché qu’on entend pleurer dans des dentelles.
Or, le moindre mirage est tout annihilé
Dans les vasques en fièvre à la moire élargie.
Pour vouloir trop de ciel, elles perdent le leur !
Mais lorsque la nuit vient, brouillant toute couleur,
Lorsque paraît la lune à la pâle effigie,
Les jets d’eau vont reprendre espoir en sa pitié ;
Et les voilà, frissons de plumes hésitantes,
Qui font monter à coups d’ailes intermittentes
Leurs colombes, en un essor multiplié !
Le ciel lointain a des infinis de lagune…
Détresse des jets d’eau qui n’auront pas été
Conduire leurs ramiers becqueter la clarté
Et goûter le divin aux lèvres de la lune !