Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/74

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IX

Tel canal solitaire, ayant bien renoncé,
Qui rêve au long d’un quai, dans une ville morte,
Où le vent faible à son isolement n’apporte
Qu’un bruit de girouette en son cristal foncé,
S’exalte d’être seul, ô bonne solitude !
Isolement par quoi son cœur devient meilleur
Quand l’eau s’est peu à peu déprise et se dénude
De tout désir qui lui serait une douleur !
Quiétude où jamais ne descend et ricoche
Que le tintement frêle et doux de quelque cloche,
Frissons contagieux d’un bruit presque divin !
Doux canal monacal pour qui le monde est vain ;