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Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/94

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II

En de féeriques soirs où l’eau se désagrège,
Plus d’un songeur, au bord des canaux rectilignes,
Se laissa remorquer par les cygnes ! Beaux cygnes,
— Duvets d’aubépins blancs et plumage en barège —
Conduisant le songeur comme un Lohengrin vierge
Vers le doux lac d’amour où toute l’eau converge.
Et c’était dans l’eau noire un chemin qui s’argente,
Un cortège de joie en la nuit affligeante,
Un entraînement blanc vers les faubourgs lunaires,
Vers le doux lac d’amour, reposoir de la lune.
Car l’orbe de la lune était clair sur l’eau brune.
Les cygnes, en rochets plissés des séminaires,