Page:Rodenbach - Les Tristesses, 1879.djvu/51

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II

C’était un vieux faubourg qu’habitait l’antiquaire :
Autrefois sa fortune avait été précaire,
Mais grâce à son travail pénible et continu
Il avait à présent un petit revenu
Qui lui facilitait son existence aisée.
Il passait tout le jour à soigner son musée
Où de charmants objets d’art étaient réunis :
Dans les châssis de chêne incrustés et vernis
Il avait fait placer des carreaux en losanges,
Sur lesquels étaient peints des Amours et des anges,
Et que joignaient entre eux des lamelles de plomb.
A travers ces carreaux c’était comme un jour blond
Ayant la teinte exquise et jaunâtre de l’ambre
Que le soleil d’été tamisait dans la chambre ;
Tout autour, des fauteuils de velours damassé ;
Un massif lampadaire en cuivre repoussé
Descendit du plafond ornait de boiseries ;
Sur les bahuts sculptés mille chinoiseries,
Des vases, des bijoux, des magots du Japon